• Le Docteur Jean-Jacques Charbonier

    Un anesthésiste décode la mort

    Le Dr Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste-réanimateur à Toulouse, en France, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet depuis 2001, dont Comas dépassé, L'après vie existe et, le dernier en liste, qui paraîtra au début de 2008 au Québec, La mort décodée, était de passage à Montréal en octobre dernier. Il était accompagné de Jean Morzelle, qui a vécu une expérience de mort imminente (EMI) et en témoigne. Du 17 au 19 octobre, en soirée, à l'Espace Transparence de Montréal, grâce à l'association Femmes Internationales Murs Brisés , initiatrice de l'événement, il a traité de son sujet de prédilection. Pour en savoir plus sur le Dr Charbonier : www.charbonier.fr. Sur son site, on trouvera de nombreux articles, ses ouvrages, son parcours, etc.



    En vingt ans de pratique, le Dr Jean-Jacques Charbonier a été, comme bien d'autres anesthésistes, maintes fois confronté à la mort, mais aussi aux témoignages de patients devant lesquels les portes de l'autre monde se sont ouvertes, avant qu'ils réouvrent leurs yeux sur la vie… Enfin, y a aussi une vie après, selon les témoignages recueillis. " Il y a quelques années, le Conseil de l'Ordre m'aurait probablement suggéré de me taire ou de ne plus pratiquer, mais aujourd'hui, convaincu que l'après vie existe, et fort des preuves scientifiques, j'écris sur le sujet et je donne des conférences ". Il en a parlé à Martigues (France) le 17 juin 2006 à l'occasion des " premières rencontres internationales " consacrées à l'EMI devant un auditoire de plus de 2 500 personnes. " L'auditoire était principalement composé de scientifiques, de médecins, de personnel soignant et de personnes en deuil d'un conjoint ou d'un enfant, par exemple, pour lesquels les preuves scientifiques d'une vie après la mort sont réconfortantes ", précise le Dr Charbonier. La douleur de la séparation, l'angoisse, la peur de l'inconnu, le paradoxe rupture et continuité, etc. sont souvent confrontés, à tout le moins en Occident, au silence ou au déni, la mort étant encore un sujet tabou. Chez les scientifiques et les médecins, parler de la possibilité d'une vie après la mort est aussi tabou…

    " Le phénomène dérange, alors on tente de le nier. En France en tout cas. Les Américains sont plus ouverts dans ce domaine ". De fait, le phénomène a été révélé aux Américains en 1975, par Raymond Moody, psychiatre, l'un des précurseurs de l'étude des EMI, un compilateur de récits depuis quatre décennies, et dont les travaux ont inspiré trois ouvrages : La vie après la vie, Lumières nouvelles sur la vie après la vie et La lumière de l'au-delà. Moody était présent à Martigues. Le phénomène dérange à un point tel, souligne en entrevue l'anesthésiste, qu'après avoir fait une entrevue avec lui, les médias français seront finalement allés trouver un autre médecin encore capable de nier les faits devant les caméras…

    " Les médecins anesthésistes sont des observateurs privilégiés, fait remarquer le Dr Charbonier. On voit la vie qui s'échappe. " Le plus troublant pour cet anesthésiste demeure " l'indicible lumière " qui perce le regard avant de s'éteindre. Mais ça ne prouve rien. La preuve, ce sont les gens qui reviennent de l'autre rive qui peuvent la fournir. " Soixante millions de témoins à travers le monde, ce n'est pas rien ! " précise-t-il. Les témoignages se recoupent, peu importe la latitude : notamment, sortie de son propre corps, vision d'un tunnel ou d'un puits avec, au bout, une lumière intense, parfois contact avec des proches disparus, et retour douloureux au corps.

    Le médecin cite parmi ceux qui ont vécu l'expérience d'une EMI des personnes dignes de foi : un confrère, le journaliste Dominique Bromberger, et Jean Morzelle, auteur de Témoignage d'éternité (Aquarius 2003), un retraité de Pibrac (France) qui, dans sa jeunesse, sous anesthésie générale (" c'est en fait un coma chimique " ) aura identifié lors de sa " décorporation " la marque de la table d'opération où il gisait, intubé, les yeux clos par un pansement de protection. À son réveil, il a pu en faire la description. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Carl Gustav Jung a vécu une EMI en 1944, victime d'un infarctus. Une force invisible l'aura obligé à " revenir sur terre ". Il publiera toute une série d'ouvrages qualifiés de majeurs après cette expérience. Dr Charbonier fait remarquer que le sujet n'est pas nouveau, puisqu'on en retrouve des traces jusqu'en Mésopotamie, à l'époque des pharaons, dans les textes sacrés et ceux de Platon. Bref, les EMI intéressent les hommes depuis toujours. " Une des premières découvertes de l'homo sapiens fut celle de la mort, et un de ses premiers soucis fut celui d'ensevelir les morts " (Morin, 1970).

    Les comateux nous entendent !

    Le médecin va encore plus loin dans ses affirmations. " Non seulement les comateux nous entendent et nous voient, mais ils peuvent aussi communiquer avec nous par télépathie ". Ainsi, un jour où il se trouvait dans la même pièce qu'un patient en phase terminale, maintenu en vie artificiellement, les membres de sa famille à son chevet et le personnel soignant à proximité, l'anesthésiste a été troublé par une exhortation intérieure insensée : fouiller dans le porte-feuille du patient ! L'appel intérieur était à ce point insistant que le médecin y a finalement succombé, au grand étonnement des personnes présentes. Or, dans le porte-feuille, se trouvait une lettre dans laquelle le patient commandait à ses proches, dont ce n'était pas l'intention, de le " débrancher ", advenant cette éventualité d'être maintenu en vie artificiellement ! Dr Charbonier raconte aussi qu'en une autre occasion, cette fois-ci une jeune femme plongée dans un comas profond, après avoir ingurgité des barbituriques, qui aurait pu mourir sans une intervention très précise, il aura été guidée par elle (télépathie) vers un bouchon de mucus coincé à l'extrémité de sa sonde d'intubation. Au sortir de son comas, celle qui pourtant n'avait jamais vu le Dr Charbonier le reconnut sans peine et le remercia de lui avoir sauvé la vie.

    Pendant une EMI, par exemple lors d'une mort clinique, la conscience détachée de la matière a souvent une vue plongeante de son enveloppe physique et des personnes à son chevet. Si on a jamais eu cette expérience, on songe que ce doit être terrifiant de constater qu'on est désormais au-dessus de son corps. Mais la conscience peut alors être détachée dans tous les sens du terme et expérimenter un état de bien-être profond, une liberté indescriptible. L'âme peut alors voyager à la vitesse de la lumière, traverser les murs, songer à un lieu et, sur le champ, y être ! Elle nage dans l'illimité ! Lors du retour brutal dans son corps, alors que les médecins crient victoire, le patient, lui, n'est pas toujours reconnaissant ! Il ne s'était jamais senti aussi bien ni aussi libre. Il ne souffrait plus. Parfois, il était déjà au " ciel ", il baignait dans une lumière incomparable et ressentait un amour indescriptible. Il avait été accueilli par des personnes dont il avait regretté le départ… " Pourquoi m'avez-vous fait revenir ici ! " entendent parfois les anesthésistes, qui viennent de tirer un individu des " griffes de la mort "… Griffes ? Pour ce patient, les griffes appartiennent désormais au plan terrestre ! Et plus jamais il n'aura peur de la mort. La mort n'existe pas. C'est un concept !

    Les travaux du cardiologue Michael Sabom (au départ, il pensait que le livre de Moody était une fiction, mais les résultats de ses études auprès de survivants à des arrêts cardiaques concordent avec les siens), ne laissent aucun doute. " Elle rassemblent sur ce point l'ensemble le plus important de faits réfutant les hypothèses selon lesquelles la mort imminente relève d'anomalies du cerveau, d'hallucinations dues à la sous-oxygénation ou d'une quelconque bizarrerie psychologique. Il rejette nettement, preuves à l'appui, les hypothèses de la sécrétion d'endorphine dans le cerveau, d'attaques cérébrales temporales ou toute autre cause physiologique. La seule explication plausible des NDE, c'est que ces événements se résument à ce qu'ils sont : une libération brutale de la conscience hors du corps. " (www.outre-vie.com)

    On admet que le cerveau est l'organe le plus sensible au manque d'oxygénation. L'arrêt de la circulation du sang devrait, selon le modèle épiphénoménisme (doctrine matérialiste qui soutient que le phénomène de la conscience est accessoire par rapport aux mécanismes biologiques du corps), provoquer un arrêt de toute forme de conscience. Et ce n'est pas le cas !

    Les EMI négatives

    Le Dr Charbonier dit qu'on les sous-évalue à 11 %; il y en aurait beaucoup plus, mais il est un fait dont on parle peu : la transformation de la perception après une EMI négative, laquelle survient, d'après ses travaux, principalement chez les suicidaires et les toxicomanes. Elle peut servir de source de sens et de support d'évolution chez les sujets. Ainsi, aussi négative soit l'expérience, notamment par les visions terrifiantes (bas astral, illusions et projections des propres peurs du sujet), elle devient un puissant moteur de transformation. Un lien s'établit alors entre l'état d'esprit et l'expérience. Le sujet désormais conscient et ne souhaitant plus jamais revivre une telle expérience se prépare en quelque sorte à mourir autrement et certes plus sereinement.

    Dans son livre, La source noire, Patrice Van Eersel, qui explore les aspects scientifiques et spirituels du sujet, fait le récit d'une EMI négative, celle du Dr Simpson. Un arrêt cardiaque, un coma profond, une réanimation, un retour à la vie… Le Dr Simpson expliquera qu'il s'est retrouvé dans un monde terrifiant. " Métamorphosé en cube, il était harcelé par des êtres sphériques qui l'incitaient à devenir comme eux ! Il traverse alors des instants de peur panique épouvantables, percevant dans ces étranges sphères ironiques une menace extrême. Bref, un récit de NDE négative somme toute banale... mais la suite est plus surprenante. À peine est-il sorti de son coma que le vieux docteur comprend en un éclair qu'il s'est totalement trompé ! Ces sphères étaient bienveillantes. En aucun cas elles ne s'étaient montrées menaçantes, et ce qu'il avait pris pour de l'ironie n'était qu'un léger amusement devant sa peur ! "

    Par conséquent, il ressort des études de cas que la EMI négative est transformée en une expérience positive après le fait et un changement du comportement. Si la mort pour le suicidaire est une tentative extrême d'attribuer un sens à sa vie, la EMI semble porteuse de sens...

    Quand on songe que, collectivement, dans l'ensemble des expériences humaines, les deux seules à travers lesquelles nous passerons tous sans distinction demeurent la naissance et la mort, il est à peu près temps qu'on cesse d'occulter la seconde, une réalité qui marque toute l'existence ! Et puisque la vie se continue après…


    Quelques autres études et ouvrages sur le sujet

    En 2001, dans The Lancet, on publiait les résultats des travaux du cardiologue néerlandais Pim Van Lommel. Après dix ans d'enquête dans dix hôpitaux néerlandais sur 355 personnes en état de mort clinique (ni respiration ni pouls), il n'aura constaté que 12 % de EMI (témoignages). Cette rareté pose problème : " pourquoi, s'il s'agit de la réaction " normale " d'un cerveau menacé, n'y a-t-il pas plus de patients à en témoigner ? " Pour lire l'article : http://www.zarqon.co.uk/Lancet.pdf

    Evelyne Elsaesser-Valarino, D'une vie à l'autre (Ed. Dervy, 1999) : un ouvrage mettant en lumière les résultats d'un programme de recherche de dix ans sur le sujet (récits, idées, connaissances sur l'expérience de mort imminente), dans le contexte de différentes disciplines.

    La mort transfigurée, sous la direction d'Évelyne-Sarah Mercier
    Les auteurs sont tous des chercheurs éminents (psychologues, médecins, anthropologues, physiciens, biologistes et théologiens). Ils travaillent dans le cadre de l'association IANDS, présidée par Louis-Vincent Thomas, professeur d'anthropologie sociale à la Sorbonne, et sa directrice fondatrice Évelyne-Sarah Mercier, économiste et anthropologue. Ils ont rapproché leurs travaux afin de passer au crible pluridisciplinaire ce phénomène troublant. Un dossier complet accessible au grand nombre.



    TABLEAU
    10 éléments récurrents dans les EMI et leur fréquence :

    1) la conscience d'être mort (50 %)
    2) les émotions positives - sensation de bien être (56 %)
    3) l'expérience de sortie du corps (24 %)
    4) le déplacement dans un tunnel (31%)
    5) la communication avec la lumière (23 %)
    6) l'observation de couleurs (23 %)
    7) l'observation d'un paysage céleste (29 %)
    8) la rencontre avec des personnes décédées (32 %)
    9) le compte rendu/retour sur sa vie (13 %)
    10) la présence d'une frontière (8 %)

    "Near-death experience in survivors of cardiac arrest: a
    prospective study in the Netherlands"
    Pim van Lommel, Ruud van Wees, Vincent Meyers, Ingrid Elfferich


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